Les Échecs Masqués

Les règles

Introduction

Les Échecs Masqués sont une variante du jeu d’échecs. Il est nécessaire d’avoir une bonne connaissance des règles de ce dernier pour pouvoir jouer aux Échecs Masqués, à tel point qu’une partie de jeu d’échecs masqués où toutes les pièces sont dévoilées ne diffèrent plus d’une partie d’échecs classique.

Nous ne reprendrons pas ici les règles du jeu d’échecs, nous indiquerons seulement celles qui sont spécifiques aux Échecs Masqués, soit qu’elles modifient, soit qu’elles s’ajoutent aux premières.

Définitions préliminaires

D’autres éléments sont à définir plus loin, mais certains doivent l’être pour commencer. Les voici.

Pièce masquée et figure

Une pièce est dite masquée lorsque seul son propriétaire en connait la figure. Dans les échecs classiques, une pièce et sa figure ne se distinguent pas : un cavalier est un cavalier, une tour est une tour, il n’y pas de quoi discuter. Dans les échecs masqués, il en va autrement. Ainsi, lorsqu’un cavalier est masqué, seul son propriétaire sait qu’il s’agit d’un cavalier. L’adversaire, lui, ne voit qu’une pièce masquée.

Dévoilement et pièce dévoilée

Une pièce est dévoilée lorsque sa figure est connue de tous. Le dévoilement est l’acte par lequel sa figure est rendue publique.

Bataille

Il y a bataille lorsqu’une pièce masquée est attaquée. Il y a bataille masquée lorsqu’une bataille est engagée par une pièce masquée.

Force et valeur des pièces

Lors de la bataille, deux facteurs déterminants peuvent être la force et la valeur, exprimée en points, des figures. Celles-ci correspondent à ce qui est habituellement admis dans les échecs classiques et utilisé pour calculer les points des joueurs. De la plus faible à la plus forte, voici l’ordre des figures :

  • le Pion : 1 point,
  • le Cavalier et le Fou, qui ont la même force : 3 points,
  • la Tour : 5 points,
  • la Dame : 10 points,
  • le Roi : une infinité de points.

Prise sans dévoilement

Lorsqu’une pièce masquée est prise, elle peut l’être avec ou sans dévoilement selon la situation. Si le joueur prend une pièce sans dévoilement, alors c’est l’adversaire qui la retire du jeu sans en faire connaître la figure, et non je joueur comme il est d’usage aux échecs ordinaires.

Échec suite à dévoilement

Il peut arriver que le joueur, après avoir engagé et perdu une bataille voit son Roi démasqué mis en échec par le dévoilement de la pièce de l’adversaire qui est alors sur le point de jouer : théoriquement, il pourrait alors prendre le Roi. Le joueur a alors perdu la partie, l’adversaire a gagné. Cette victoire est dite “Échec suite à dévoilement”. Celle-ci a la même valeur qu’un échec et mat.

Mise en place du jeu

La mise en place est un étape importante du jeu et déterminante pour la suite. En effet, toutes les pièces sont encore masquées et chacun des adversaires peut les placer où bon lui semble sur ses deux lignes de départ (1 et 2 pour les blancs, 7 et 8 pour les noirs). Ainsi le Roi blanc peut très bien être en position D2.

Mouvements des pièces masquées

Tant qu’une pièce est masquée son mouvement est en tous points celui d’un pion :

  • elle peut avancer de une ou deux cases en avant depuis sa position initiale,
  • elle peut avancer de une seule case en avant sur les autres positions,
  • elle peut prendre en diagonale,
  • elle peut prendre un autre pion ou une autre pièce masquée en passant lorsque celle-ci quitte sa position initiale en avançant de deux cases mais uniquement au tour suivant (règle de la prise en en passant).

Il est à noter que la prise en passant sur une pièce masquée donne lieu à une bataille.

Arrivée à la huitième ligne, une pièce masquée ne peut pas être convertie en n’importe quelle pièce, à moins qu’elle ne soit d’abord dévoilée comme pion, mais rien n’oblige à ce qu’une pièce masquée arrivée à la huitième ligne soit dévoilée – elle reste alors simplement immobile jusqu’à son dévoilement.

Une pièce masquée ne peut donc pas se déplacer selon les règles de sa figure.

Dévoilements

Une pièce peut être dévoilée dans plusieurs situations.

Par le joueur

Le joueur peut décider de dévoiler sa pièce avant de la déplacer. Sa figure est alors connue de tous, et la pièce peut se déplacer comme elle le fait aux échecs ordinaires.

Par “Échec au Masque”

Lorsque le joueur, à la suite de son dernier coup, menace une pièce masquée, il peut anoncer un “Échec au Masque” en indiquant la position de la pièce menacée soit en donnant ses coordonnées, soit en la montrant du doigt sans la toucher.

L’adversaire a alors le choix : soit il dévoile la pièce masquée, soit il la laisse masquée. Une fois que son choix est fait, c’est alors son tour de jouer.

Si l’adversaire n’a pas dévoilé la pièce masquée et si celle-ci est toujours menacée par la même pièce, alors le joueur, peut prendre la pièce masquée sans engager une bataille, mais également sans la dévoiler.

Il ne peut y avoir de mise en échec que d’une seule pièce masquée lors d’un tour et ce même si le mouvement a permis de menacer plusieurs pièces masquée. La pièce mise en échec doit être annoncée.

Par “Échec et Mat au Masque”

Lorsque le joueur, à la suite de son dernier coup, menace une pièce masquée de telle sorte à ce qu’il soit impossible à l’adversaire de la soustraire à cette menace dès le coup suivant, le joueur peut alors déclarer un Échec et Mat au Masque (là aussi, il prononce les mots à haute voix) en indiquant la position de la pièce soit en donnant ses coordonnées, soit du doigt sans la toucher. L’adversaire n’a alors pas le choix : il doit dévoiler la pièce en question. S’il s’agit du Roi, il a naturellement perdu.

Bataille

Il y a bataille lorsque le joueur tente de prendre une pièce masquée. Contrairement aux échecs classiques, la prise d’une pièce masquée ne va pas de soi, l’idée étant qu’une pièce forte maquillée en une pièce faible est succeptible d’offrir plus de résistance qu’attendu…

La bataille constitue un mouvement en elle-même et compte comme tel.

Lorsqu’il souhaite prendre une pièce masquée, le joueur déclare une bataille (il prononce le mot à haute voix) en indiquant les pièces engagées soit en donnant leurs coordonnées soit en les montrant du doigt, sans toucher la pièce attaquée de l’adversaire. Ne peuvent être engagées dans une bataille qu’une seule pièce attaquante et une pièce attaquée.

Deux situations sont alors possibles : soit la pièce attaquante est déjà dévoilée, il s’agit alors d’une bataille simple ; soit elle est masquée, il s’agit alors d’une bataille masquée.

Bataille simple

Lors de la bataille simple, l’adversaire attaqué a le choix entre dévoiler sa pièce ou non.

S’il choisit de ne pas la dévoiler, il y a alors prise sans dévoilement et il retire lui-même sa pièce du jeu tandis que l’adversaire place sa propre pièce attaquante sur la position qui était celle de la pièce attaquée.

S’il choisit de la dévoiler, plusieurs situations sont possibles :

  • soit la pièce qu’il dévoile est moins forte que la pièce attaquante : alors le joueur prend cette pièce et place sa pièce attaquante sur sa position,
  • soit la pièce qu’il dévoile est plus forte que la pièce attaquante : alors l’attaque échoue et l’adversaire prend la pièce attaquante sans déplacer la sienne,
  • soit les pièces sont de même force : l’attaque est alors repoussée, les deux pièces conservent leur position pour ce tour.

Bataille masquée

Déclaration

Une pièce masquée attaque une pièce masquée. L’ignorance est alors des deux côtés et il s’agit de la situation la plus caractéristique des Échecs Masqués.

Le joueur déclare une “Bataille masquée” en indiquant les deux pièces impliquées soit par leurs coordonnées, soit en les montrant du doigt, sans toucher la pièce de l’adversaire.

Joueur et adversaire se trouvent alors en position d’annonceur, chacun à son tour d’enchère, en commençant par le joueur.

Tour d’enchère

Les tours d’enchère permettent de résoudre une bataille masquée selon un modèle rapellant le poker. Les mises sont effectuées oralement en points, ces points correspondants à des pièces selon leur valeur.

L’annonceur peut prendre plusieurs décisions :

  • se coucher : il perd alors sa pièce sans la dévoiler,
  • relancer : il indique une nouvelle hauteur de mise supérieure à la mise précédente et l’adversaire devient alors l’annonceur,
  • suivre : l’enchère s’arrête alors là, les deux pièces sont dévoilées.
Fin des enchères

Celui des deux qui a la pièce la moins forte choisit parmi ses pièces celles qui sont perdues pour correspondre aux nombre de points qu’il a misé. Se référer au paragraphe Force et valeur des pièces pour connaître la valeur en point de chaque type de pièce. La valeur de pièces remises doit être au moins égale à la mise. La pièce impliquée dans la bataille masquée en fait nécessairement partie. Si les deux pièces sont de même force, aucun mouvement n’a lieu.

Annonce à 31

Étant donné que pour couvrir une enchère à 31, le joueur doit risquer toutes ses pièces, hors le Roi, une relance à 31 signifie que la mise est la victoire (le Roi ne peut gagner seul). Si un joueur relance à 31 et que l’adversaire suit, celui qui gagne cette bataille gagne la partie. Par contre, si l’adversaire se couche ou si les deux pièces sont de force égale, la partie continue.

Le Roque

La règle du Roque reste presque inchangée. Cela implique que le joueur voulant effectuer le Roque ait disposé dès la mise en place du jeu le Roi et la Tour à leurs positions habituelles. S’il ne l’avait pas fait, il a renoncé à cette possibilité de Roque.

La seule modification est la suivante : les échecs ordinaires prévoient que le Roque ne puisse avoir lieu si le Roi est en échec. Aux Échecs Masqués, il est possible de roquer lorsque le Roi est en échec à condition qu’il soit encore masqué au moment du Roque.

Il est par ailleurs évident que le Roque provoque le dévoilement des deux pièces impliquées dans le mouvement.

Fins de partie

Plusieurs fins de partie sont possibles :

  • les mêmes fins qu’aux échecs classiques : échec et mat, pat…,
  • victoire par échec suite à dévoilement qui se produit lorsqu’une pièce dévoilée à la suite d’une bataille met le Roi de l’attaquant en échec,
  • victoire par annonce à 31 qui se produit à l’issue d’une bataille masquée,
  • victoire par dévoilement complet sans Roi.

Cette dernière victoire n’a pas encore été évoquée mais découle naturellement des règles ci-dessus. En effet, il est possible que le Roi d’un joueur ait été pris sans être démasqué. Dans ce cas, rien n’oblige ce joueur à accepter sa victoire, il peut continuer à jouer tant que l’adversaire ignore que le Roi est pris : il faudra alors à l’adversaire dévoiler toutes les pièces du joueur, c’est-à-dire obtenir un dévoilement complet, pour gagner.

Une fois la partie terminée, les joueurs peuvent dévoiler leurs pièces, mais ils n’y sont en aucun cas contraints.